Cap Corse et de l’Agriate / Parcu naturale marinu di u Capicorsu è di l’Agriate
Le Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate / Parcu naturale marinu di u Capicorsu è di l’Agriate, créé par décret le 15 juillet 2016, s’étend du nord de Bastia sa ville porte à l’est, jusqu’à la commune de Belgudè en Balagne à l’ouest. Il englobe, notamment, la réserve naturelle des îles du Cap Corse, ainsi qu’une vaste portion de zone économique exclusive jusqu’aux eaux limitrophes italiennes, au cœur du Sanctuaire Pelagos. Vaste de 6 830 km², il s’agit du plus grand parc marin de France métropolitaine, bordé par 27 communes, sur un linéaire côtier de 225 km.
Le Parc est géré conjointement par l’Office français de la biodiversité et l’Office de l’environnement de la Corse. Son conseil de gestion, organe de gouvernance du Parc, rassemble tous les acteurs du territoire : services de l’État, collectivités territoriales, socioprofessionnels, usagers, associations, scientifiques. De façon collégiale, il élabore le plan de gestion, qui fixe pour 15 ans les objectifs à atteindre en termes de connaissance et de protection des écosystèmes, mais aussi de développement durable des activités et de mise en valeur du patrimoine culturel maritime. Des réglementations spécifiques pourront être proposées dans ce cadre pour répondre à certaines problématiques de gestion.
Si la création du Parc n’entraîne pas automatiquement de réglementation spécifique ‒ contrairement aux parcs nationaux et aux réserves naturelles – il peut donner un avis sur tout ce qui peut avoir influence sur l’état du milieu marin au sein du Parc. Dans certains cas, s'il s'agit d'autorisation d'activités "susceptibles d'altérer de façon notable le milieu marin du Parc", cet avis peut être "conforme" et donc obligatoirement suivi par les autorités publiques en charge de l’instruction. En revanche, les agents du Parc déployés sur le terrain ont pour rôle, entre autres missions, de faire respecter la règlementation de droit commun en vigueur, et notamment celle concernant la préservation des espèces protégées (interdiction formelle de prélèvement) et réglementées (règles qui autorisent le prélèvement).
Le patrimoine matériel immergé : l’importance de l’archéologie sous-marine
Au centre de la Méditerranée occidentale, carrefour d’une route commerciale au trafic intense, point stratégique incontournable en périodes de guerre, la Corse, et particulièrement le Cap Corse, a toujours été l’un des points de passage obligés des routes maritimes du bassin méditerranéen occidental. Aussi, le patrimoine culturel maritime offre-t-il une importante richesse, essentiellement des épaves provenant de toutes les époques, de l’Antiquité (avec notamment la route du commerce pour l’approvisionnement de Rome, capitale de l’Empire) à la première et seconde guerre mondiale, théâtre de nombreux combats en mer. Le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines du ministère de la Culture (DRASSM) a ainsi recensé dans le périmètre d’étude 125 entités archéologiques : épaves, objets isolés, dépotoirs, mouillage... Cinquante-sept appartiennent à l’époque antique, soixante-huit aux périodes moderne et contemporaine.
Au sein du Parc, le DRASSM indique trois thématiques fortes qui semblent se détacher :
Les épaves à dolia
Un dolium est une grande jarre en terre cuite de l’époque romaine, qui pouvait transporter jusqu’à 3 000 litres de vin. Deux épaves à dolia gisent entre la Giraglia et Barcaghju-Tollare, une autre se trouve à Lisula. Un grand dolium avec la marque de la famille des Pirani de Minturnae a aussi été repêché au large de Capu Sagru. Il est un indice de la présence d’une autre épave de navire à dolia.
Les épaves liées aux deux conflits mondiaux
Durant la seconde guerre mondiale, la région de Bastia et le Cap Corse ont été le siège de plusieurs batailles navales dont la plus célèbre est celle de Petracurbara, le 9 septembre 1943. Un canonnier et deux barges allemandes, coulés à cette occasion, ont déjà été expertisés parmi une série d’épaves liées à cet événement, gisant entre 48 et 200 mètres de profondeur.
Les épaves à grande profondeur
Ces épaves sont l’un des principaux thèmes de recherche du DRASSM en Corse depuis 2013. De 2013 et 2016, vingt épaves ont été découvertes et en partie expertisées entre la pointe du Cap Corse et Bastia, entre 100 et 500 mètres de profondeur. Elles couvrent une période allant de l’époque hellénistique à l’époque contemporaine. Bien conservées, même si la plupart des épaves antiques ont été endommagées par le passage des chaluts, elles sont une source de données scientifiques sans équivalent.
La stratégie plongée du Parc
La stratégie de gestion durable des sites de plongée en façade s’inscrit dans la mise en œuvre de la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) sur la façade Méditerranée et de son Plan d’action pour le milieu marin (PAMM) dont l’objectif général est l’atteinte du bon état écologique des eaux marines à l’horizon 2020. La stratégie plongée du Parc, déclinaison de la stratégie plongée de Méditerranée, repose sur cinq objectifs :
- Améliorer la connaissance des impacts (positifs et négatifs) des activités de plongée subaquatique ;
- Réduire / supprimer les impacts négatifs identifiés ;
- Améliorer la sensibilisation des pratiquants des activités / développer la communication sur les enjeux environnementaux ;
- Renforcer la gouvernance et améliorer la cohabitation entre les différents usages ;
- Encourager l’innovation et l’ingénierie écologique associée au secteur de la plongée.
En 2021, le Parc souhaite créer un lien de confiance et d’échange avec les acteurs de la plongée de son territoire, notamment à travers la programmation bisannuelle de réunions de concertation et l’accompagnement et la représentation des socio-professionnels dans des salons de plongée, afin d’améliorer leur visibilité.
Pour une meilleure connaissance de l’activité de la plongée sur son territoire, le Parc souhaite étoffer le document issu du Document stratégique de façade (DSF) répertoriant les sites de plongée et leurs caractéristiques. Au niveau culturel, le Parc travaille sur la dénomination des sites de plongée en langue corse, en lien avec la toponymie locale. Le Parc souhaite également travailler main dans la main avec les clubs de plongée autour de multiples actions, comme la création d’un sentier sous-marin ou encore un projet R&D sur les mouillages innovants.