L’épave Macinaggio 1 gît à plus de 300 m de fond au large du Cap Corse. Elle a révélé une cargaison homogène d’amphores de type Gauloise 4 avec une cargaison complémentaire de barres de fer. Cette épave représente un jalon important pour notre connaissance du commerce du vin gaulois et de la route maritime empruntée, entre le règne de Vespasien (69-79) et celui de Trajan (98-117), depuis les côtes de la Narbonnaise à destination probable de Rome.
Cette épave a été découverte de manière fortuite par l’ingénieur Guido Gay en 2013. Une évaluation du gisement a été réalisée par le Drassm la même année au moyen d’un ROV, Le Perseo GTV-Ageotech de la société Copetech. Elle a permis d’avoir des images vidéo de l’épave, les dimensions approximatives du site et de prélever quelques pièces.
Le gisement s’étend sur 19 x 9 m et il est partiellement éparpillé. Bien que l’on ait longtemps considéré les épaves profondes comme un patrimoine protégé de l’action des humains, il a été constaté que la cargaison de Macinaggio 1 avait été largement abîmée par le passage de chaluts dont les filets peuvent atteindre des profondeurs de plus en plus importantes.
Les épaves situées à grande profondeur sont généralement les mieux conservées car le bois et la cargaison sont hors d’atteinte de la plupart des activités humaines, en particulier du pillage, et sont situées dans des milieux protégés, de la houle, de l’oxygène et d’un grand nombre d’organismes qui pourraient détériorer les vestiges D’abord en collaboration avec l’Ifremer et la Comex, le Drassm développe désormais ses propres outils pour documenter le patrimoine immergé à grande profondeur.
Le gisement est constitué d’une cargaison homogène d’amphores de type Gauloise 4, a priori rangées sur un seul niveau. L’une d’elles a été prélevée en 2013 pour étude. Seuls quelques autres types d’amphore ont été observés : une ou deux Dressel 2-4, destinées au transport du vin ; deux amphores de type Beltran IIB contenant habituellement des sauces ou des saumures de poisson. Ces amphores font probablement partie de la dotation de bord pour les marins. L’ensemble permet de dater l’épave dans le dernier quart du 1er siècle de notre ère ou le début du IIe siècle.
On constate également la présence au centre de l’épave d’un amas de métal très concrétionné qui a été interprété comme une cargaison complémentaire de barres de fer à l’origine placée au centre du navire, probablement près du mât.
Les amphores de type Gauloise 4 ont été très largement diffusées dans l’Empire romain, notamment sur le limes germanique, sur tout le pourtour occidental de la Méditerranée et dans une moindre mesure en Méditerranée orientale. Il est en revanche très rare de retrouver les épaves associées à ce transport, probablement parce que les routes le plus souvent empruntées pour relier la Narbonnaise à Rome et l’Italie devaient être hauturières, ce qui limite notre capacité à retrouver ces navires.
Macinaggio 1 constitue ainsi non seulement une des rares épaves transportant un chargement homogène de Gauloise 4 mais encore un des témoignages les plus précoces de ce commerce. Parmi les autres exemples, on peut citer l’épave Bagaud 3 dans le Var, qui a livré presque exclusivement des Gauloises 4 datées du IIe s., mais dont le site est très mal conservé.
La présence de ce chargement mixte oriente vers deux possibles ports de départ pour le dernier voyage du navire, Arles ou Narbonne. En effet, l’association très fréquente de Gauloise 4 et d’amphores hispaniques dans les épaves les mieux connues, comme c’est le cas ici, est un indice probable de cargaisons composées dans un de ces deux grands ports de redistribution où ces amphores étaient présentes en grande quantité. Par ailleurs, le rôle de Narbonne dans la diffusion des barres de fer provenant de son arrière-pays, de même que celui d’Arles dans la redistribution du fer et des amphores gauloises, est bien connu.
Aucun élément de la coque ni d’accastillage n'est visible. Au nord-ouest du site, une longue pièce rectangulaire pourrait appartenir à une ancre en fer.
Le bois se situe sous la cargaison et n’a pas fait l’objet d’une opération de fouille. En revanche, la forme du gisement permet d’évaluer la taille du navire originel à 17 m de long pour 5 à 7 m de large.
Pays | France |
Aire marine protégée | Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate |
Département | Haute-Corse |
Commune | Macinaggio |
Lieu-dit | |
Code EA | 30-3375 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Mobilier |
Structures | |
Mobilier |
Amphores : amphores Dressel 7-11, Gauloises 4, Dressel 2-4, Beltran IIB
Céramiques : Autre : fer en barre |
Lieu d'exposition | |
Contexte |
Géologie : sable et vase
Situation : immergé Profondeur : entre 300 et 350 m |
Historique des recherches |
Déclaration : Guido Gay - 2013
Expertise: Drassm - 2013 Opérations: |
Commentaires | |
Rédacteur | Hélène Botcazou |