L’épave Ecueil de Miet 3 (dite également Esteu dou Miet) se situe à l’entrée sud-est de la rade de Marseille, sur un fond d’environ 20 m. La cargaison du navire se composait d’amphores étrusques et de bucchero nero de même provenance. L’épave a été découverte en 1973 et a fait l’objet de plusieurs campagnes d’expertise. Le naufrage est à situer dans la première moitié du VIe siècle av. J.-C.
L’épave a été déclarée par un plongeur marseillais, Jean-Claude Cayol, qui avait récupéré des amphores étrusques entre les îles Jarre et Calseraigne (dite aujourd'hui Plane, dans l'archipel de Marseilleveyre). Toute cette zone avait déjà été qualifiée de « cimetière marin » par Fernand Benoît en 1960 à cause de la présence d’un récif, l’écueil de Miet, presque affleurant jusqu’au XIXe siècle. Le site a fait l’objet de trois campagnes d’étude, deux d’entre elles conduites par le Drassm (1979 et 1999) et la troisième par le Centre Camille Jullian (Aix-Marseille Université/CNRS) en 1988. Ni les vestiges de la coque ni l’épicentre de l’épave n’ont été localisés avec certitude à cause de pillages répétitifs et du fort ensablement de la zone.
Le site a fait l’objet d’une première expertise conduite par le Drassm en 1979 (sous la responsabilité scientifique de Bernard Liou) et d’une seconde campagne d’expertise en 1988 (sous la responsabilité scientifique d'Antoinette Hesnard, CNRS-Centre Camille Jullian). Ces campagnes ont permis de vérifier que les nombreux tessons d’amphores étrusques retrouvés dans cette zone indiquaient bien la présence d’une épave. Les sondages effectués en 1988 ont révélé, en outre, deux concentrations d’amphores mieux conservées, sous environ un mètre de sable et de graviers. Enfin, la brève prospection sur le site conduite par le Drassm en 1999 (sous la responsabilité scientifique de Luc Long) a livré encore une anse et un col d’amphore étrusque.
La cargaison, homogène mais très lacunaire et éparpillée sur le fond, comprenait une centaine d’amphores étrusques à vin. Un ensemble de céramiques en bucchero nero complétait, comme dans l’épave de La Love à Antibes, la cargaison de ce petit bateau. Il s’agit de l’épave la plus ancienne connue sur le littoral du département des Bouches-du-Rhône. Les ramassages sporadiques et les campagnes d’expertises ont permis de rassembler une quantité notable de matériel, assurément homogène, représentant une centaine d'objets. Le nombre d’amphores initial devait être bien plus important, vu le fort pillage, le piètre état de conservation du site et l’absence de véritable fouille archéologique méthodique.
Les amphores de l’Ecueil de Miet 3 sont de type « à fond pointu », quelques-unes appartiennent à la forme 3A, mais c’est la forme 3B de la typologie de M. Py (1985) qui est majoritaire. Ce type d’amphore était destiné au transport du vin : le type 3A d’une contenance estimée de 21 litres ; le type 3B d’une contenance de sept litres. L’origine de ces amphores est à rechercher dans le territoire de Caere en Etrurie méridionale (actuelle Cerveteri, dans le Latium, Italie centrale), d’après l’étude de leur pâte céramique. Les amphores de type Py 3A et 3B sont très fréquentes en Gaule méridionale, notamment à Marseille, à Saint-Blaise et à Lattes. Le chargement de céramiques, liées au service du vin pour le symposium (banquet), était composé de vaisselle en bucchero nero, dont six ou sept canthares du type Rasmussen 3e (1979 ou B-NERO Ct3e3 de Lattara 6) et une œnochoé ont été récupérés. Le mobilier permet de situer le naufrage vers les années 575-550 av. J.-C. : le canthare en bucchero nero disparaît en effet peu après le milieu du VIe siècle av. J.-C. et on retrouve les mêmes associations de céramiques dans les niveaux stratigraphiques contemporains des fouilles du port de Marseille, où se rendait sans doute le navire.
Aucun élément de la coque n’a été retrouvé. Un outil de charpentier (herminette) en fer, reconstruit d’après un moulage de la concrétion découverte, appartenait probablement à la dotation de bord du navire.
Musée des Docks Romains - Place Vivaux - 13002 Marseille
Tél : 04 91 91 24 62
Pour le dépôt de conservation du mobilier, s’adresser au Drassm
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L’Ecueil de Miet affleurait à moins d’un mètre sous la surface jusqu’au XIXe siècle. Pour éliminer le danger qu’il représentait pour les bateaux entrant dans la rade de Marseille en arrivant par le sud-est, la marine nationale l’a dynamité. Son sommet se trouve aujourd’hui à environ trois mètres sous la surface. Le cimentier Batavia, un navire marchand en fer de 109 m de long, a été le dernier navire à périr sur cet écueil le 23 novembre 1877.
Pays | France |
Aire marine protégée | Parc national des Calanques |
Département | Bouches-du-Rhône |
Commune | Marseille |
Lieu-dit | Nord du Batavia |
Code EA | 30-282 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Cargaison, amphores étrusques, bucchero. |
Structures | Cargaison. |
Mobilier |
Amphores : Amphores étrusques Py 3A et 3B.
Céramiques : Bucchero nero. Autre : Herminette en fer d’après moulage. |
Lieu d'exposition | Musée des docks Romains, Marseille. |
Contexte |
Géologie : Sable, posidonie
Situation : Immergé Profondeur : - 19m. |
Historique des recherches |
Déclaration : 1973 - Jean-Claude Cayol (découverte fortuite).
Expertise: 1979, 1999 - DRASSM. Opérations: 1988 - Antoinette Hesnard, CCJ-CNRS (sondage). |
Commentaires | |
Rédacteur | Franca Cibecchini |