Au début des années 2000, au Cap Corse, dans moins de 10 m de profondeur à Cala Francese, un rarissime caducée en bronze à têtes de griffons a été découvert.
La présence, à proximité de cette pièce, de quelques pièces de céramiques datables comme le caducée du VIe-Ve siècle avant notre ère évoquent la probable présence d’une épave, dénommée Bugho 2, dans une zone qui a dû servir de mouillage pendant des siècles.
Le caducée a été découvert dans les années 2000 par un amateur, Pierre Lacombe, et fut signalé au DRASSM en 2001, avant sa déclaration officielle en 2003. La découverte de plusieurs fragments de céramique, dont certains qui pourraient lui être contemporains, rend probable l’hypothèse d’un gisement archéologique homogène, une épave d’époque archaïque non précisément localisée dans la zone.
Les prospections menées à Cala Francese par Gilles Leroy de la Brière (FFESSM) en 2010 et 2011 ont permis la découverte de céramiques qui révèlent la présence d’une zone de mouillage au pied de l’oppidum du Monte Bugho.
Le caducée en bronze est une pièce exceptionnelle présentant deux têtes de griffons affrontées, le corps enroulé autour d’une tige. Cette dernière, qui pouvait être en bois ou en fer, n’a pas été retrouvée. Dans la même zone ont été trouvées des céramiques qui rappellent la cargaison d’une autre épave exceptionnelle, celle de la Pointe Lequin 1A à Porquerolles (530-510 avant notre ère).
Le caducée est avant tout l’emblème des hérauts, comme nous l’apprend Diodore (V.75, 1-2) et des messagers et/ou des ambassadeurs. Symbole de paix très ancien, en temps de guerre, il représente une sorte de drapeau blanc chez les Grecs et les Romains et rend le héraut intouchable.
Le caducée a eu une vaste diffusion en Méditerranée. Cette pièce retrouvée en mer pourrait indiquer le naufrage d’un navire provenant de Grèce ou de Grande Grèce dans lequel voyageait un héraut qui pouvait avoir des fonctions diplomatiques.
Même si d’autres têtes d’animaux sont connues, la version la plus commune est composée de deux têtes de serpents affrontés. Le caducée découvert dans les eaux du cap Corse semble être le seul exemple attesté de caducée avec des griffons. Ces créatures fabuleuses, à tête et bec d’aigle avec un corps de lion ailé, sont préposées à la garde d’immenses trésors, comme celui d’Apollon. Le griffon est par conséquent l’emblème de la vigilance et est lié à cette divinité.
Les prérogatives du héraut, ne se limitent pas aux guerres ou tensions entre peuples, royaumes ou cités. Il revêt aussi des charges plus humbles, à caractère diplomatique et civil.
À partir du VIIe siècle avant notre ère, la route commerciale principale de Méditerranée occidentale passe par les îles de la Toscane pour rejoindre la côte orientale de la Corse, qu’elle longe jusqu’au cap Corse pour se diriger ensuite vers la Gaule méridionale et la Catalogne. Cette route reste prépondérante jusqu’au début de l’Empire romain, soit à la fin du Ier siècle avant notre ère. De fait, au niveau du cap Corse, de nombreuses épaves témoignent de cet itinéraire maritime.
Aucun élément de la coque n’a été retrouvé, ni mobilier lié à la dotation de bord ou d’accastillage. Seules l’homogénéité et la rareté du mobilier mis au jour permettent d’interpréter le gisement comme une épave potentielle.
Pays | France |
Aire marine protégée | Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate |
Département | Haute-Corse |
Commune | Rogliano |
Lieu-dit | |
Code EA | 30-1997 |
Nature du site | Autre gisement |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Mobilier |
Structures | |
Mobilier |
Amphores :
Céramiques : Autre : Caducée |
Lieu d'exposition | |
Contexte |
Géologie : roche et posidonie
Situation : immergé Profondeur : moins de 10 m |
Historique des recherches |
Déclaration : P. Lacombe
Expertise: Opérations: Gilles le La Brière |
Commentaires | |
Rédacteur | Franca Cibecchini, Marie-Brigitte Carre |