Liste des sites

Trier Trier Site Trier Trier Nature Trier Trier Période Trier Trier Dép.
Arles-Rhône 3 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Capo Sagro 2 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Dramont E Épave de navire Antiquité Var
Écueil de Miet 3 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Fourmigue C Épave de navire Antiquité Alpes-Maritimes
Giraglia 1 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Grand Congloué 1 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Grand Congloué 2 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Grande Passe 1 Épave de navire Antiquité Var
Jas d'ancre de Sormiou Autre gisement Antiquité Bouches-du-Rhône
La Love Épave de navire Antiquité Alpes-Maritimes
Le Caducée (Bugho 2) Autre gisement Antiquité Haute-Corse
Macinaggio 1 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Madrague de Giens Épave de navire Antiquité Var
Ouest Giraglia 2 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Pointe de la Luque 2 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Port-Miou C Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Punta Vecchia 1 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Sud Caveaux 1 Épave de navire Antiquité Bouches-du-Rhône
Titan Épave de navire Antiquité Var
Tour d'Agnello 1 Épave de navire Antiquité Haute-Corse
Tour Sainte Marie 1 Épave de navire Antiquité Haute-Corse

Grande Passe 1

Épave de navire Voir sur la carte
Présentation
Carte d'identité
Bibliographie
Médiathèque

En bref...

L’épave Grande Passe 1 repose par 45 mètres de fond dans le Parc national de Port-Cros. Ce navire, de 18 à 20 m de long, transportait des amphores vinaires gréco-italiques depuis l’Italie vers la Gaule lorsqu’il a coulé vers le milieu du second siècle avant J.-C.

Histoire du site

Le site est découvert et déclaré au Drassm en 1975 par deux plongeurs, G. Di Marco et R. Rousselin. Ils rapportent avoir observé un grand nombre de céramiques fragmentées, probablement des amphores et de la vaisselle fine, s’étendant sur une zone d’environ 100 m2 et constatent la présence de bois qui laisse à penser que la coque se trouve encore sous le chargement.

L’épave tombe dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte fortuite en 2016 lors d’une prospection par le club de plongée de Iéro. Il est alors évident que le site a subi un pillage bien organisé. En effet, des outils et un corps-mort abandonnés sur place sont découverts et la grande majorité de la céramique observée en 1975 a disparu.

En 2017 une première campagne de documentation de l’ensemble du site est portée par l’association Arkaeos. Suivront trois campagnes de fouilles archéologiques avec comme objectif principal la mise au jour des vestiges de la coque.

Entre 2017 et 2021 quatre campagnes sont conduites, sous la direction de Alex Sabastia (AMU/INRAP/CCJ), par l’association Arkaeos et le club de plongée Iero dans le cadre du programme de recherche Stoechades, Navigation autour des îles d’Hyères et en partenariat scientifique avec le Centre Camille Jullian (CNRS/AMU) et l’Inrap .

Ces campagnes sont dédiées à l’étude et à la documentation des vestiges de la cargaison, de la cuisine de bord et, surtout, de la coque du navire. Les éléments découverts ont permis de définir les limites du gisement, de proposer une première interprétation de l’épave et de préciser la date du naufrage grâce à l’étude du mobilier récupéré.

Cargaison, mobilier et vie à bord

Avant les pillages, trois amphores gréco-italiques entières ou brisées servant au transport du vin ont été retrouvées. La cargaison semble avoir été constituée, au moins en partie, de ce type d’amphore que leur forme permet d’attribuer au milieu du IIe s. av. J.C., date confirmée par les quelques pièces de vaisselle de table et de cuisine découvertes lors de la fouille.

Les différentes campagnes ont permis de mettre en évidence l’emplacement de la cuisine à l’avant du navire. Elle regroupe les éléments nécessaires à la préparation et la consommation de nourriture à bord :  un foyer sur tuiles plates est associé à une petite meule rotative en basalte. La dizaine de vases récupérés provient de diverses zones de la Méditerranée : principalement Italie mais aussi monde punique et sud de la Gaule.

Les amphores, une entière et deux cols, de type gréco-italique de transition, ont été découvertes lors des premières campagnes de terrain. Il est impossible de donner une estimation du volume que pouvait représenter la cargaison au vu du petit nombre de vestiges conservés.

Cependant ce type d’amphore renvoie à une route maritime bien documentée entre la péninsule italique et la Gaule par l’est de la Corse. En effet, de nombreuses épaves de navires de moyenne dimension, comme pouvait l’être celui de Grande Passe 1, et présentant le même type de chargement ont été étudiées le long de cette route.

Les éléments liés à la cambuse sont représentés par une assiette à vernis noir en céramique Campanienne A (Lamboglia 36/Morel 1310), deux mortiers et deux couvercles de marmites italiques ; une jatte en céramique non tournée attribuée à la Gaule du Sud et une anse de cruche en céramique commune massaliète ; enfin deux cruches puniques en céramique commune ainsi qu’une lèvre d’amphore Africaine ancienne (de type Lattara A-AFR trA-bd1). Ce conteneur, le seul de ce type retrouvé dans l’épave, serait à mettre en relation plutôt avec la cuisine qu’avec la cargaison.

Cet assemblage de mobilier est commun au cours des IIe et Ier s., mais la morphologie des amphores gréco-italiques et la présence de l’amphore Africaine ancienne, qui ne semble pas circuler avant le deuxième quart du IIe s., incitent à situer le naufrage vers 150 av. J.-C.

Trois pièces de monnaies frappées à Rome entre 211 et 200 av. J.C, un semis et deux as républicains trouvés dans la zone de la cuisine lors de la fouille de 2020, montrent sur l’une de leurs faces une proue de navire. Une tête auréolée de Janus est présente sur la seconde face des deux as. Il n’est pas étonnant de trouver des monnaies plus anciennes que les éléments de cargaison étant donné que celles-ci peuvent rester relativement longtemps en circulation.

Le bateau et son gréement

Une partie du fond de la coque a été mise au jour au fur et à mesure des différentes campagnes de fouille. Bien que le bois présente un état de conservation moyen, des éléments intéressants ont permis de donner une estimation des dimensions du navire.

Une grande partie de la charpente axiale, dont les deux brions prolongeant les vestiges de la quille, est conservée sur une longueur de 12,50 m. La comparaison avec d’autres épaves présentant des caractéristiques très similaires (Chrétienne C et Baie de Briande) a permis d’estimer la longueur du navire à environ 18-20 m.

L’architecture du fond de carène en retour de galbord est représentative de la période républicaine, ce qui est cohérent avec la datation des vestiges, tout comme l’assemblage à franc-bord par tenons et mortaises des planches de bordé.

En outre, un assemblage d’au moins six ancres, trois en fer et trois en bois à jas de plomb a été documenté lors des différentes campagnes. Toutes ont été découvertes près de l’extrémité ouest du site et l’une d’entre elle, la mieux conservée, semble être entreposée à son emplacement originel, diamant pointé vers l’ouest et verge parallèle à la quille, ce qui confirme l’hypothèse que cette portion de l’épave où se situe aussi la cambuse était l’avant du navire.

Au niveau des vestiges du foyer et de la cuisine, toujours à l’extrémité ouest du site, le plomb de sonde du navire ainsi qu’un patch en plomb de forme quadrangulaire servant aux réparations navales ont également été découverts.

La quille en sapin est assemblée aux galbords par des râblures situées de chaque côté de sa face supérieure.

Les membrures conservées sont assemblées au bordé par des gournables qui sont parfois cloutés. Les clous présents dans les gournables sont en alliage cuivreux. Leur pointe est rabattue au niveau du dos des membrures et en direction de la quille.

Les membrures ont été façonnées à partir d’au moins trois essences de bois différentes : le chêne caducifolié, le sapin et le pin. Le sapin est une essence de bois très peu utilisée pour la quille d’un navire, contrairement au chêne caducifolié qui a servi à la fabrication du brion d’étrave.

Au total 17 planches de bordés ont été découvertes, dont certaines présentent des patchs en plomb comme celui retrouvé au niveau de la cambuse. Ces patchs, cloués sur le bordé, sont les vestiges des réparations de la coque du navire.

Seuls les jas des ancres en plomb ont été retrouvés, le bois de ces ancres n’est pas conservé. Le jas le plus imposant mesure 134 cm de long et son poids est estimé à 150 kg. Ce jas de plomb a été coulé directement autour de la verge de l’ancre.

Les ancres en fer sont quant à elles à jas mobiles. La plus imposante et mieux conservée mesure 231 cm du diamant à son extrémité et ses bras formant un V font chacun 68 cm de long.

Le lot d’ancres trouvé sur le site permet de mettre en lumière les différentes utilisations de ces apparaux : si les plus lourdes sont destinées à mouiller le navire, les plus légères servent notamment d’ancres de jet pour les manœuvres. Parmi les trois jas de plomb retrouvés sur Grande Passe 1, deux d’entre eux pourraient être associés à des ancres de jet au vu de leur poids (20 kg environ). Par ailleurs, la présence de plusieurs ancres peut s’avérer très utile pour ralentir le bâtiment en cas de tempête ou pour assurer le mouillage.

Pays France
Aire marine protégée Non
Département Var
Commune Hyères
Lieu-dit Baie de Hyères entre les îles de Porquerolles et Port-Cros
Code EA 30-799
Nature du site Épave de navire
Chronologie Antiquité
Indicateur de période céramique, amphores, ancre, coque, monnaies
Structures Coque
Mobilier Amphores : gréco-italiques de transition
Céramiques : mortiers, vases
Autre : ancres, monnaies, meule en basalte, plomb de sonde, patch en plomb
Lieu d'exposition
Contexte Géologie : sable, couche d'algue libre
Situation : immergé
Profondeur : plus de 40 m
Historique des recherches Déclaration : 1975 - G. Di Marco & R. Rousselin
Expertise: 2017 - Alex Sabastia : campagne de documentation-couverture photogrammétrique
Opérations: 2016 - Bernard Pasqualini (club de plongée Iéro) ⇒ prospection archéologique ; 2018-2021 (trois campagnes de fouille) - Alex Sabastia (AMU/ INRAP/CCJ)
Commentaires Avec le soutien du Club de plongée Iero ; Centre Camille Jullian (Aix Marseille Université, CNRS); DRASSM (Ministère de la Culture); Institute of Nautical Archaeology ; Parc national de Port-Cros
Rédacteur Alex Sabastia, Claire Destanque, Marie-Brigitte Carre

Bibliographie essentielle

  • SABASTIA Alex, Premières interprétations archéologiques de l’épave Grande Passe 1 (Porquerolles, Provence, France, IIe s. BCE), Scientific Reports of the Port-Cros National Park, n° 34, 2020, p. 273-286, Disponible en ligne
  • SABASTIA Alex, L’épave Grande Passe 1 (Porquerolles, IIe s. BCE). Bilan des campagnes de fouilles 2017-2021, Scientific Reports of the Port-Cros National Park, n° 36, 2022, p. 199-209, Disponible en ligne
  • SABASTIA Alex ; CAUVIN Alex, Le mobilier de bord de l’épave Grande Passe 1 (Porquerolles, IIe s. av. J.-C.), in : RIVET Lucien, La mer, le littoral et le territoire du IIe s. av. J.-C. au milieu du Ier s. apr. J.-C. entre le Rhône et les Alpes Maritimes, 2026, p. 245-252, https://hal.science/hal-04486272

Pour approfondir

  • LONG Luc, Epaves et sites submergés de la région d’Hyères de la préhistoire à l’époque moderne, Scientific Reports of the Port-Cros National Park, n° 18, 2004, p. 74, Disponible en ligne
  • SABASTIA Alex, The Grande Passe 1 shipwreck, 2nd century BC, Hyères, France: new data on its cargo, nautical equipment and wooden remains, in : BOETTO Giulia ; POMEY Patrice ; POVEDA Pierre , Open sea, closed sea: local and inter-regional traditions in shipbuilding proceedings of the fifteenth International symposium on boat and ship archaeology, Paris, 2021, p. 161-166, https://journals.openedition.org/archaeonautica/1323

Photos

Mortier italique découvert dans la cambuse, servant à confectionner la nourriture à bord (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU) Catillus de la meule, utilisée pour moudre du grain à bord, dans la cambuse (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU) Un archéologue arrive sur le site afin de poursuivre la fouille de la zone de vie de l’équipage (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU) Détail de la cambuse, où sont confectionnés, cuits et pris les repas (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU)
  Les parties conservées de l’architecture du navire, dans sa partie occidentale, sont observées et marquées avant les prises de mesures (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU) Sur cette vue, le galbord est désolidarisé de la charpente axiale (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU) Plusieurs pièces, confectionnées dans des essences différentes, constituent la charpente axiale du navire ; elles sont liées entre elle par un trait de Jupiter, visible ici par le flanc (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU)
  Fragment de coupe en céramique campanienne à vernis noir (© Loïc Damelet, CCJ, CNRS/AMU)