L’épave Tour Sainte Marie 1 se trouve sur la côte orientale du Cap Corse, entre l’îlot de la Giraglia et la Tour Sainte-Marie. Située à 55 m de profondeur, elle a bénéficié d’une des premières campagnes de fouilles scientifiques en France. Plus de 500 amphores datant du Ier siècle après J.-C., dans un état de conservation exceptionnel, ont été recueillies.
L’épave de la Tour Sainte-Marie 1 est déclarée en 1967 par G. Drago et J. Polidori. Le site semblant particulièrement bien conservé, une campagne de fouille est organisée la même année afin de contrer les dangers d’un pillage. Un quadrillage fut ainsi posé sur l’épave afin de réaliser une couverture photographique minutieuse avant de remonter de façon systématique la totalité du tumulus.
Dans le cadre de la mission de la carte archéologique de la Corse, le DRASSM retourne sur le site en 2013 et 2014 pour de nouvelles campagnes de sondages mais aussi pour des prospections géophysiques menées en collaboration avec l’Université de Patras. L'objectif est alors de vérifier l’état de conservation de la coque et l’importance de la couche archéologique encore en place.
Le tumulus d’amphores semblait intact lors de sa découverte. Long d’environ 16 m et large de 4 m, il se compose d’amphores réparties suivant six principaux types, toutes provenant de Bétique, l’actuelle Andalousie. La majorité de ces amphores était dédiée au transport de poissons en morceaux ou en sauce. Seul un type de ces amphores est à associer au transport du vin cuit ou plus probablement des olives confites.
À l’issue des fouilles de 1967, 559 amphores ont été remontées, ainsi qu’un pelvis, un fragment de tuile et un fragment de dalle de schiste. Plusieurs bouchons ont été retrouvés au fond des amphores, probablement enfoncés sous l’effet de la pression.
La morphologie générale des amphores constitue le principal élément de datation du naufrage qui eut lieu dans les années 50-60 ap. J.-C.
Les lieux de production de certaines amphores identifiées dans le chargement sont aujourd’hui connus, permettant d’être plus précis quant à la provenance du navire. C’est le cas des formes Dressel 8 et Dressel 12 dont certains ateliers ont été découverts respectivement entre Cadix et Algésiras, dans le sud de l’Espagne. La présence de timbres identiques ou appartenant à la même famille sur ces deux types présents dans le chargement, ainsi que sur le type Dressel 7-11, permet de supposer que l’ensemble de ces amphores provient d’un même atelier situé dans cette région. Ces timbres comportent soit une lettre unique soit deux ou trois lettres ligaturées, toujours placés dans un cartouche circulaire situé au bas de l’anse. Cela concerne 330 amphores sur les 559 étudiées. Il est par conséquent probable qu’elles aient été embarquées dans le même port, à rechercher dans le sud de l’Espagne.
Un lot important d’amphores Haltern 70 complétait la cargaison. Le contenu de ce type d'amphore est aujourd’hui débattu entre le defrutum et les olives confites, peut-être dans du vin. Avec 182 exemplaires recensés, l'épave Tour Sainte-Marie 1 représente la plus importante cargaison connue pour ce type.
Si plusieurs épaves ayant eu pour point de départ la Péninsule ibérique sont aujourd’hui connues, l’originalité de celle de Tour Sainte-Marie 1 réside dans le fait qu’elle semble avoir emprunté un itinéraire bien différent, probablement pour rejoindre l’Italie. En effet, les épaves provenant de Bétique ont généralement été découvertes dans les bouches de Bonifacio (Lavezzi 1 et 2, San Perduto 2), trajet direct entre la Bétique et Rome. Elles sont en revanche plus rares au nord de l’île.
En raison de sa grande profondeur, les fouilles de l’épave n’ont concerné que la partie supérieure du chargement, la coque n’ayant pas été atteinte. En 2013, les passages avec le sonar et avec le pénétrateur de sédiments ont permis de préciser les contours de la partie d’épave qui semble préservée sous une faible couche de sédiment.
Aucun matériel lié au gréement n’a été retrouvé.
Musée de Bastia - Citadelle de Bastia, Place du Donjon - 20200 Bastia
Tél. : 04 95 31 09 12
Pour le dépôt de conservation du mobilier, s’adresser au DRASSM
Pays | France |
Aire marine protégée | Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate |
Département | Haute-Corse |
Commune | Rogliano |
Lieu-dit | Pointe d’Agnello |
Code EA | 302017 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Céramique |
Structures | - |
Mobilier |
Amphores : Amphores Dressel 7-11, Haltern 70, Dressel 8, Dressel 12
Céramiques : Pelvis, fragment de tuile, mortier Autre : |
Lieu d'exposition | Musée de Bastia; Haute-Corse |
Contexte |
Géologie : sable
Situation : immergé Profondeur : - 55 m |
Historique des recherches |
Déclaration : 1967 - G. Drago et J. Polidori (découverte fortuite)
Expertise: Opérations: 1967 - Fanette Laubenheimer (fouilles programmées) ; 2003 - Gilles de La Brière et Alain Meysen (prospections) ; 2013 - 2014 - Franca Cibecchini (prospections géophysiques et sondages) |
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