Découverte en 1965, l’épave Dramont E gît par 41 m de profondeur à l’ouest du cap Dramont, au large de Saint-Raphaël. L’épave de ce petit navire du Ve s. après J.-C. se distingue par son riche mobilier céramique d’origine africaine et par l’homogénéité de sa cargaison témoignant des contacts directs de certains ports d’Afrique avec la province Narbonnaise. Relativement bien conservée au moment de sa découverte, elle a été depuis victime de nombreux pillages.
Signalée par un tumulus d’amphores assez bien préservé, l’épave Dramont E est déclarée le 5 octobre 1965 par Mme J. Issaverdens et Frédéric Dumas. À la suite de cette découverte, une première expertise réalisée par le DRASSM a permis de mettre en évidence l’importance du site. Une nouvelle campagne réalisée en 1968, suite à la mise en service de L’Archéonaute, a permis de constater les dégâts du pillage intensif dont il a été régulièrement la cible, toutes les amphores du niveau supérieur ayant ainsi disparues.
De 1981 à 1990, le site a fait l’objet de dix années d’une fouille exhaustive sous la direction de Claude Santamaria. Ces campagnes ont permis de préciser la cargaison du navire et d’étudier sa structure, bien conservée.
Le chargement du navire est estimé à environ 600 amphores africaines tardives. Les plus gros conteneurs pouvaient transporter aussi bien de l’huile d’olive que du vin ou encore des salaisons de poissons ou de porc. Les amphores de plus petites dimensions, les spatheia, devaient quant elles contenir des olives, comme en témoignent les nombreux noyaux découverts à l’intérieur.
En plus des amphores, le chargement comptait entre 700 et 800 plats en céramique sigillée africaine D, des tubuli de voûtes et un important matériel de bord : cruches, marmites, contrepoids en plombs et un moulin à farine. Un lot de 143 monnaies de bronze complète cette cargaison et contribue à dater le naufrage du bateau du second quart du Ve s.
La cargaison du navire est composée de trois principaux types d’amphores : environ 130 amphores de type Keay 25.2, 120 de type spatheion et 330 de type Keay 35A et B. Il s’agit exclusivement d’amphores africaines dont le lieu de production a pu être identifié grâce aux analyses pétrographiques réalisées sur celles-ci et aux recherches entreprises dans plusieurs ateliers de céramiques en Tunisie. L’ensemble de ces données et l’homogénéité typologique du chargement laissent supposer que le mobilier a été chargé dans la région de Nabeul en Tunisie et provient en majorité de l’atelier de Sidi Zahruni à proximité.
Le trésor monétaire découvert à l’arrière du navire situe le naufrage de celui-ci entre 425 et 455 ap. J.-C. Cette datation correspond à la période charnière de l’époque romaine tardive et des débuts de l’occupation vandale de la riche province d’Afrique. Genséric et ses troupes arrivent sur le territoire africain en 429 puis envahissent la Proconsulaire et s’emparent de Carthage en 439, date à partir de laquelle la flotte vandale domine la Méditerranée. L’épave constitue ainsi un témoin privilégié des échanges méditerranéens à cette époque de profonds changements politiques.
Sous le tumulus d’amphores, les fouilles ont permis de dégager une coque en bon état, conservée sur 11,80 m de longueur et 5,30 m de largeur. Orienté est-ouest, le navire gisait sur son flanc tribord lors de sa découverte. Des ancres en fer, à jas mobile, ont également été découvertes, dont au moins quatre situées à l’avant du navire.
La charpente axiale était composée d’une quille, sur une longueur de 7,09 m, du brion d’étrave et de l’étambot. On note également la présence sur le bordé de plusieurs niveaux de virures et de plusieurs couples au niveau de la charpente transversale.
Parmi les éléments notables dégagés lors des fouilles, plusieurs correspondent à la structure interne du navire tels que l’emplanture, deux carlingots, des cloisons, le puits de la pompe et une importante quantité de vaigres.
Les fouilles ont ainsi révélé un navire de taille modeste avec un port en lourd estimé à une trentaine de tonnes. La vaste campagne de relevés architecturaux réalisée lors des fouilles a permis récemment de proposer des hypothèses de restitution du navire et de son chargement grâce à l’utilisation des techniques de modélisation en 3D. Parmi les différentes hypothèses, la plus probable fait état d’un navire de forme particulièrement large avec un chargement des amphores sur deux niveaux. Dans un tel état de chargement, le navire devait s’avérer difficilement manœuvrable. Une telle surcharge a dû représenter un handicap certain durant la traversée entre les rivages de l’Afrique du Nord et ceux de la Narbonnaise. Il n’est pas impossible que ce soit là, l’une des raisons premières du naufrage.
L’analyse xylologique réalisée sur les bois constituant la coque du bateau a permis de distinguer un grand nombre d’essences ayant servi à sa construction. Les virures ont été taillées dans du pin d’Alep et dans du pin pignon, la quille était uniquement en pin pignon, espèces typiques du littoral méditerranéen occidental. On trouve également du sapin, utilisé pour le mât, et du mélèze pour le massif d’emplanture du mât. Au total, dix essences ont été identifiées dans ce bateau de taille modeste.
Musée archéologique de Saint-Raphaël - Parvis de la Rue de la Vieille Église, 83700 Saint-Raphaël.
Tél. : 04 94 19 25 75
Musée d’Archéologie d’Antibes - Bastion Saint-André, 06600 Antibes.
Tél. : 04 93 95 85 98
Pays | France |
Aire marine protégée | Non |
Département | Var |
Commune | Saint-Raphaël |
Lieu-dit | Cap Dramont, au sud-est de la pointe de la Pierre Blave |
Code EA | 30-933 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Céramiques, monnaies |
Structures | Coque |
Mobilier |
Amphores : Keay 25, Keay 35 A et B, spatheia
Céramiques : Sigillée claire D, céramique commune, tubes de voûte, deux lampes Autre : Monnaies en bronze, plomb de sonde, ancre, moulin à farine |
Lieu d'exposition | Musée d’Archéologie d’Antibes ; Musée archéologique de Saint-Raphaël |
Contexte |
Géologie : Vaso-argileux
Situation : immergé Profondeur : - 42m |
Historique des recherches |
Déclaration : 1965 - J. Issaverdens et Frederic Dumas
Expertise: 1965 et 1968 - Yves Chevalier (DRASSM) Opérations: 1981-1991 - fouilles programmées sous la direction de Claude Santamaria (DRASSM) |
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Rédacteur | Elyssa Jerray |