L’épave de La Love se trouve au pied du récif du même nom, à l’extrémité du Cap d’Antibes. Il s’agit d’un petit bateau transportant une cargaison d’amphores étrusques à vin, de céramiques fines et de céramiques communes de même provenance. L’épave a été découverte en 1955 et fouillée essentiellement par son inventeur. Le naufrage est à situer vers le milieu du VIe siècle av. J.-C.
L’épave a été retrouvée en 1955, en contrebas du récif de La Love, par le Dr Pruvot. Le site a fait l’objet de quinze années de fouille sous la direction de son inventeur, entre 1955 et 1969, pendant lesquelles un repérage approximatif des objets a été réalisé. Une série de vérifications opérées par le DRASSM en 1977 a permis de conclure à l’épuisement du gisement archéologique.
Exposée à une forte houle par faible profondeur (environ 15 mètres de fond), le gisement a été en partie dispersé. La couche archéologique avait une épaisseur moyenne de 0,75 cm. Le mobilier, très homogène, était concentré dans une zone de 8 x 3 m.
La cargaison, homogène mais partiellement pillée, se composait essentiellement d’amphores étrusques à vin, représentant un minimum de 180 individus. Les traces de poix sur les parois internes des amphores et quelques fragments de bouchon en liège semblent confirmer que les amphores étaient dédiées au transport du vin.
Quelques rares amphores grecques ou magno-grecques (du sud de l'Italie) s’ajoutaient aux amphores étrusques. Il s’agit de trois ou quatre amphores à vin qui correspondaient à un petit complément de fret ou appartenaient au matériel de bord.
Un ensemble de céramiques communes et de céramiques fines complétait la cargaison de ce petit bateau. C’est le plus important chargement de vaisselle en bucchero nero connu en Méditerranée. Il se compose d'environ 40 canthares et de 25 oenochoés, accompagnés d’un lot de céramiques étrusco-corinthiennes comptant six ou sept kylikes à décor figuré. La vaisselle commune étrusque associée (trois coupes-couvercles, six pots et deux mortiers ou bassins) pouvait faire partie de la cargaison ou de la dotation de bord, comme la lampe à huile de type punique dont les deux becs sont noircis par la combustion (l’objet à donc été utilisé à bord).
Les amphores de La Love sont de type « à fond pointu ». Des 180 amphores identifiées, 176 appartiennent à la forme 3B définie par la typologie de M. Py (1985), et quatre seulement appartiennent à la forme 3A. Ce type d’amphore était destiné au transport du vin : le type 3B a une contenance de 7 litres et le type 3A a une contenance estimée à 21 litres. Les traces de quelques arrêtes de poissons conservées dans la poix de l’une de ces amphores ne semblent pas être un argument suffisant pour affirmer que ces conteneurs, ou au moins une partie d’entre eux, transportaient de la sauce de poisson. D'après l’étude de leur pâte céramique, l’origine de ces amphores est à rechercher dans le territoire de Caere en Etrurie méridionale (actuelle Cerveteri, dans le Latium, Italie centrale). Les amphores de type Py 3A et 3B sont très fréquentes en Gaule méridionale, notamment à Marseille, à Saint-Blaise et à Lattes. Trois ou quatre amphores produites en Grande Grèce (Italie du Sud) de type MGS 1, témoignent de la présence d’une petite cargaison de vin « grec ».
Le chargement de vases en céramique, liées au service du vin pour le symposium (banquet), était composé de 40 canthares en bucchero nero du type Rasmussen 3e (1979 ou B-NERO Ct3e3 de Lattara 6) et de 15 œnochoés de type Rasmussen 7 (1979 ou B-NERO Oe7 de Lattara 6). Le chargement de céramiques étrusco-corintiennes, comprend six ou sept kylikes attribués au groupe dit à Maschera Umana du Ciclo dei Rosoni produit à Caere. Ils sont caractérisés par la représentation simplifiée d’un oiseau aquatique. On note également la présence d’un plat à décor linéaire peint et à préhension latérale et de quelques petits fragments de céramiques difficiles à identifier, dont une coupe à filets blancs, de production grecque ou étrusque. La lampe de type punique présente une pâte proche de celle des amphores étrusques de l’épave, il s’agit probablement d’une imitation de forme punique produite en Etrurie. Les vases étrusco-corinthiens permettent de situer le naufrage dans les années 560-525 av. J.-C., en accord à la disparition du canthare en bucchero nero, peu après le milieu du VIe siècle av. J.-C.
Aucun élément de coque n’a été retrouvé. Il est possible qu’une partie du bateau et de la cargaison ait sombré lors du naufrage dans la zone plus profonde située à proximité.
Trois jas d’ancre, deux en schiste et un en plomb, sont également signalés à proximité. Celui en plomb est cependant difficilement rattachable à ce bateau, puisque sa forme, courante à l’époque romaine, est inconnue pour la période de l’épave, antérieure.
Musée d'archéologie d'Antibes - Bastion Saint-André - 06600 Antibes
Tél. : 04 93 95 85 98
Pour le dépôt de conservation du mobilier, s’adresser au DRASSM
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Lors de la fouille, l’inventeur du site avait observé la présence d’un hypothétique revêtement en métal argenté ou doré sur la surface des oenochoés. Toutefois le mobilier actuellement conservé ne présente pas cette caractéristique (Long, Pomey, Sourisseau 2002, p. 30).
Pays | France |
Aire marine protégée | Non |
Département | Alpes-Maritimes |
Commune | Antibes |
Lieu-dit | La Love |
Code EA | 30-214 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Cargaison, amphores étrusques, céramique étrusco-corinthienne, bucchero nero. |
Structures | Cargaison, jas d’ancres. |
Mobilier |
Amphores : Amphores étrusques Py 3A et 3B, amphores de Grande Grèce MGS 1.
Céramiques : Bucchero nero, céramiques étrusco-corintienne, céramique commune étrusque, lampe à huile. Autre : Jas d’ancre. |
Lieu d'exposition | Musée d'Archéologie d’Antibes, Antibes. |
Contexte |
Géologie : Sable, roche
Situation : Immergé Profondeur : - 16m. |
Historique des recherches |
Déclaration : 1955 - Georges Pruvot
Expertise: 1977 - DRASSM. Opérations: 1955-1969 - Georges Pruvot |
Commentaires | |
Rédacteur | Franca Cibecchini |