L’épave Sud Caveaux 1 gît par 64 mètres de fond au sud de la Pointe Caveaux (île de Pomègues, archipel du Frioul). Il s’agit d’un petit navire chargé d’amphores italiques réutilisées pour le transport de goudron végétal. L’épave a été déclarée en 1977 et a fait l’objet en 1996 d’une mission d’expertise et de sondage, réalisée avec des moyens automatisés. Le naufrage est à situer entre 30 et 20 av. J.-C.
Découverte et déclarée par Henri-Germain Delauze en 1977, l’épave gît à une profondeur importante, qui limite les interventions en plongée autonome à l’air. En 1996, une campagne de sondage a été organisée par le Drassm en étroite collaboration avec la Comex qui a mis à disposition des moyens techniques importants, dont un sous-marin et son bateau-base, un ROV et un blaster. Cette logistique à permis de tester et de développer de nouvelles méthodes d’intervention à grande profondeur, comme la réalisation d’une couverture photogrammétrique avec un sous-marin, le dévasage partiel et la numérotation des objet in situ avec des moyens automatisés. La récupération du mobilier visible, menacé de pillage, a été confiée aux plongeurs du Drassm et de la Comex, habilités pour l’occasion à plonger au-delà de 60 m.
Au début de la campagne 1996, menée sous la responsabilité scientifique de Luc Long (Drassm), une vingtaine d’amphores Lamboglia 2 gisaient en position désordonnée à la surface du sédiment. Pour l’expertise de l’épave, la Comex a mis à disposition le sous-marin Remora 2000 et son bateau-base Minibex, le ROV Super-Achille et un blaster. Les référentiels de mesures nécessaires à la calibration des photographies ont été disposés sur le site au moyen de Remora 2000 et de Super-Achille. Ces engins réalisèrent également la couverture photogrammétrique de la couche visible de l’épave grâce à une chambre métrique étalonnée au micromètre et disposée dans son caisson étanche à l’avant du sous-marin. Cinq couvertures photogrammétriques ont été enregistrées au fur et à mesure du dégagement de l’épave. Le dévasage principal a été effectué à l'aide du blaster, positionné à 3-5 m au dessus du gisement, contrôlé depuis le Minibex. Pour le dégagement plus délicat de la céramique fine, des ancres et des vestiges de la coque, le bras du ROV a été équipé d’un petit ventilateur. Le contrôle et la restitution photogrammétrique ont été confiés à la société S.E.T.P. grâce à un financement de la Comex. L’extension du tumulus d’amphores laisse penser qu'il s'agit d'une épave de petites dimensions, d’une longueur d'environ 10 à 12 mètres.
Le chargement principal du navire était composé d’amphores italiques normalement réservées au transport du vin d’Adriatique mais ici réutilisées pour transporter du goudron végétal. Ce produit servait au calfatage des navires et à enduire les récipients, en particulier les amphores à vin et à saumure de poisson. Cinq amphores à vin originaires de Léétanie (Catalogne espagnole), découvertes sur les extrémités de l’épave, constituaient probablement un petit complément de fret. Trois autres amphores, une cruche et un pelvis d’origine marseillaise appartenaient à la dotation de bord. L'étude des amphores permet de dater le naufrage entre les années 30 et 20 avant J.-C.
De la centaine d’amphores récupérées sur le site, la grande majorité appartient aux types Lamboglia 2 et/ou Dressel 6A. Il s’agit de formes produites dans plusieurs zones de la côte adriatique, destinées normalement au commerce du vin. Celles de l’épave étaient toutes réutilisées pour le transport de goudron de conifères. Ce réemploi explique la diversité des variantes morphologiques et chronologiques des amphores de la cargaison. En effet, se cotoient dans l'épave des amphores Lamboglia 2 classiques, des variantes du même type plus récentes, et des amphores Dressel 6A. Quelques exemplaires portent une estampille sur la lèvre. Ces amphores de l'Adriatique sont peu fréquentes en Gaule où le marché du vin était dominé par les productions de la côte tyrrhénienne (côte occidentale de l'Italie). En revanche, elles étaient plutôt bien diffusées en Espagne, terre d’origine du petit lot de cinq amphores à vin trouvées aux extrémités du gisement, et constituant probablement un complément de fret.
Ce petit lot attribué comprend une amphore à fond plat, de type Oberaden 74 et une amphore Tarraconaise 1, deux conteneurs à vin, produits en Léétanie (Catalogne espagnole) à partir des années 20-30 av. J.-C. Les trois autres amphores du lot, de forme atypique, ont été attribuées à la production de la villa de Lucius Volteilius, installée à quelques kilomètres de Mataró (Catalogne espagnole), grâce à une estampille in planta pedis apposée sur le col et portant le nom de L. VOLTEILI. On pense à un personnage installé à Narbonne, d’où il redistribuait les produits de sa villa maritime de Léétanie. Son gentilice est bien connu par l’épigraphie lapidaire de la fin de la République et du principat d’Auguste.
A la dotation de bord appartenaient trois amphores massaliotes romaines de forme Bertucchi 6b. Ce type d'amphore a pu être défini pour la première fois grâce aux exemplaires complets trouvées dans cette épave. Destinée à transporter du vin, ces amphores ont été surtout produites par l’atelier marseillais des Carmes à la fin du Ier siècle avant J.-C. Une cruche et un pelvis en céramique à pâte claire massaliote récente, complètent le petit lot de vaisselle utilisée sur le bateau.
L'assemblage d'amphores permet de dater le naufrage entre les années 30 et 20 avant J.-C. L’hypothèse principale veut que ce chargement de résine, complété par du vin espagnol, ait été transporté vers Marseille par un navire local pour les besoins d’un atelier d’amphores (utilisant la résine pour imperméabiliser les amphores) ou d’un chantier naval (utilisant la résine pour le calfatage des navires). Son point de départ a pu être la Catalogne espagnole ou, plus probablement, Narbonne, principal port de redistribution du secteur à cette époque. Nous connaissons une autre épave, plus ancienne, chargée de goudron végétal : l’épave Héliopolis 2, dont la cargaison était composée d’amphores gréco-italiques à vin, de chronologies diverses, réutilisées pour le transport de la poix.
Seules quelques membrures de la coque ont été partiellement dévasées par un petit ventilateur placé sur le ROV. Une ancre en fer et un jas d’ancre en plomb étaient visibles sur l’extrémité ouest de l’épave.
Pour le dépôt de conservation du mobilier, s’adresser au DRASSM
L’archéologue britannique Honor Frost, une des figures légendaires de l’archéologie sous-marine, a plongé sur les épaves du Grand Congloué en 1960 avec un des premiers modèles de scaphandre autonome. 46 ans après, elle a plongé une seconde fois dans la rade de Marseille, sur l’épave Sud Caveaux 1, mais cette fois à bord d’un sous-marin.
Pays | France |
Aire marine protégée | Non |
Département | Bouches-du-Rhône |
Commune | Marseille |
Lieu-dit | Rade Sud de Marseille, Frioul (Archipel du) |
Code EA | 30-326 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Amphores Oberaden 74, Tarraconaise 1, Type 4 de L. Volteius. |
Structures | Cargaison. |
Mobilier |
Amphores : Lamboglia 2, Oberaden 74, Tarraconaise 1, Tarraconaise Type 4 de L. Volteius, Bertucchi 6b.
Céramiques : Céramiques à pâte claire, pelvis. Autre : |
Lieu d'exposition | |
Contexte |
Géologie : Vase
Situation : immergé Profondeur : - 64m. |
Historique des recherches |
Déclaration : 1977 - Henri-Germain Delauze
Expertise: 1996 - DRASSM. Opérations: Luc Long (DRASSM), COMEX. |
Commentaires | |
Rédacteur | Franca Cibecchini |