Site | Nature | Période | Dép. |
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Alice Robert | Épave de navire | Période contemporaine | |
Arles-Rhône 3 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Bataiguier | Épave de navire | Période médiévale | Alpes-Maritimes |
Bonaparte | Épave de navire | Période contemporaine | Haute-Corse |
Bouée Borha 2 | Autre gisement | Période contemporaine | Bouches-du-Rhône |
Capo Sagro 2 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Carro 3 (La Chinoise) | Épave de navire | Période contemporaine | Bouches-du-Rhône |
Dramont E | Épave de navire | Antiquité | Var |
Écueil de Miet 3 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Fourmigue C | Épave de navire | Antiquité | Alpes-Maritimes |
Francesco Crispi | Épave de navire | Période contemporaine | Haute-Corse |
Giraglia 1 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Grand Congloué 1 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Grand Congloué 2 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Grand Saint-Antoine | Épave de navire | Période moderne | Bouches-du-Rhône |
Grande Passe 1 | Épave de navire | Antiquité | Var |
Heinkel 111 | Épave d'aéronef | Période contemporaine | Alpes-Maritimes |
Insuma | Épave de navire | Période contemporaine | Haute-Corse |
Jas d'ancre de Sormiou | Autre gisement | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Jeanne-Elisabeth | Épave de navire | Période moderne | Hérault |
La Love | Épave de navire | Antiquité | Alpes-Maritimes |
Le Caducée (Bugho 2) | Autre gisement | Antiquité | Haute-Corse |
Les barges de la bataille de Pietracorbara | Épave de navire | Période contemporaine | Haute-Corse |
Liban | Épave de navire | Période contemporaine | Bouches-du-Rhône |
Macinaggio 1 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Madrague de Giens | Épave de navire | Antiquité | Var |
Mortella 2 | Épave de navire | Période moderne | Haute-Corse |
Mortella 3 | Épave de navire | Période moderne | Haute-Corse |
Ouest Giraglia 2 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
P-38 de Saint Exupéry | Épave d'aéronef | Période contemporaine | Bouches-du-Rhône |
P-47 Meria | Épave d'aéronef | Période contemporaine | Haute-Corse |
P-47 Santa Severa | Épave d'aéronef | Période contemporaine | Haute-Corse |
Paragan | Épave de navire | Période moderne | Corse du Sud |
Plane 3 | Épave de navire | Période médiévale | Bouches-du-Rhône |
Pointe de la Luque 2 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Port-Miou C | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Punta Vecchia 1 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Rubis | Épave de sous-marin | Période contemporaine | Var |
Sainte-Dorothéa | Épave de navire | Période moderne | Alpes-Maritimes |
Sud Caveaux 1 | Épave de navire | Antiquité | Bouches-du-Rhône |
Titan | Épave de navire | Antiquité | Var |
Tour d'Agnello 1 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Tour d'Agnello 2 | Épave de navire | Période contemporaine | Haute-Corse |
Tour Sainte Marie 1 | Épave de navire | Antiquité | Haute-Corse |
Découverte en 2008, l’épave Ouest Giraglia 2 gît par 34 m de profondeur à l’extrémité du Cap Corse, à l’ouest de l’île Giraglia. Les recherches menées sur l’épave ont permis de mettre au jour plusieurs dolia et de mener une étude fondamentale sur ce type de navire dédié au commerce du vin en vrac et sur la chronologie de ce phénomène du début de l’Empire.
Déclarée en 2008 par Jean-Michel Minvielle, l’épave Ouest Giraglia 2 a bénéficié d’une expertise l’année suivante. Celle-ci a permis de révéler l’importance de l’épave avec une coque particulièrement bien conservée. Au vu de ces premiers résultats et des risques de pillages, trois campagnes de fouilles dirigées par le DRASSM ont été organisées entre 2010 et 2012. Elles fournissent l’essentiel des données connues aujourd’hui sur la cargaison et la coque. La campagne de recherche de 2012 a été réalisée avec la même équipe mais dans le cadre de la carte archéologique de la Corse. Cette campagne a permis d’effectuer une couverture sonar de l’épave et de réaliser une couverture photogrammétrique sur les deux dolia entiers et les plus grands fragments.
En 2009 l’expertise du site, réalisée sous la direction de l’inventeur avec la collaboration de Martine Sciallano, avait permis de relever l’importance de la partie conservée de la coque, constituée de 29 éléments de membrure, et la présence de deux dolia entiers en plus de plusieurs fragments. Les trois campagnes successives, dirigées par Franca Cibecchini (DRASSM), Sabrina Marlier (Arkaeos) et Jean-Michel Minvielle (FFESSM), avec la collaboration de Carlos De Juan (Université de Valencia) et portées par l’association Arkaeos, ont été de nature différentes : des fouilles de la durée d’un mois en 2010 et 2011 et deux semaines de sondage et documentation en 2012.
Les fouilles ont permis de restituer une cargaison de quatorze dolia dont deux entiers. Neuf d’entre eux étaient timbrés, constituant ainsi le plus riche ensemble de timbres connus sur ce type de navire avec ceux découverts sur l’épave de Diano Marina en Ligurie. Une cinquantaine d’amphores à vin provenant de Tarraconaise, la Catalogne actuelle, complétait cette cargaison ainsi que quelques amphores à vin de production campanienne.
Le gisement a subi des pillages importants et a souffert des chalutages qui ont dispersé les amphores et les dolia. En dehors de ce chargement majoritaire, peu d’éléments ont échappé au pillage : seuls les concrétions de deux lingots de fer dont un avec un timbre, un plomb de sonde, un élément en bronze de la pompe de cale, au moins deux ancres fragmentaires en fer et un petit fragment de lampe à vernis noir ont été retrouvés.
Avec neuf timbres in planta pedis appartenant à six personnages différents, l’épave Ouest-Giraglia 2 présente le corpus le plus abondant de timbres sur dolia découverts sur une même épave, avec celui de l’épave Diano Marina en Ligurie. Dans trois cas, ils sont accompagnés d’une contremarque, de forme carrée, apposée à proximité du timbre principal. À l’exception de deux exemplaires, tous les timbres renvoient à la famille des Pirani de Minturnes (Latium) dont le nom a déjà été retrouvé sur plusieurs épaves chargés de dolia venant d’Espagne ou d’Italie. La particularité des timbres de l’épave Ouest Giraglia 2 est qu’ils regroupent presque tous les membres connus de la famille des Pirani. Ce constat a conduit à avancer la date du naufrage de certaines épaves à dolia et à réduire l’écart entre les différentes générations d’artisans à une quarantaine d’années.
L’origine des personnages attestés par les timbres et les analyses pétrographiques des pâtes céramiques convergent pour localiser dans la région de Minturnes la production principale, voire la seule, des dolia maritimes placés dans les cales de ces navires spécialisés.
Les analyses pétrographiques des amphores, toutes de type Dressel 3, et l'analyse des timbres, suggèrent qu’elles proviennent de différents ateliers situés dans la région du Maresme, dans la province de Barcelone, et notamment à l’embouchure du Besos où plusieurs ateliers ont été découverts. Le vin qu’elles transportaient provenait probablement de la même région, c’est-à-dire du centre de la Léétanie, une des principales zones de production de vin de la Tarraconaise. Les dolia transportaient probablement du vin originaire de ces mêmes zones de production mais on ne peut complètement exclure la possibilité d’autres lieux d’approvisionnement situés sur la route de navigation du navire.
Grâce aux analyses pétrographiques des couvercles de dolia retrouvés dans les épaves, on sait que ceux-ci ne proviennent pas nécessairement de la même région que les dolia et qu’il est probable que des étapes aient eu lieu en cours de route pour le déchargement ou le chargement de vins divers.
Le moulage de la concrétion d’une barre de fer récupérée sur l’épave permet de restituer le timbre d’un personnage nommé [L]ICINIA(nus), jusque-là inconnu parmi les producteurs de fer.
Une partie de la coque du navire était conservée sur une longueur de 7,10 m et une largeur maximale de 3 m. Elle comprend une section de la quille, les premières virures de bordé (cinq virures conservées d’un côté et neuf virures conservées de l’autre) et vingt-neuf pièces de varangues. L’étude de la coque a permis de mieux comprendre la construction de ce type de navire à vocation très spécialisée. Il s’agit en effet d’un système architectural particulier qui se caractérise par une quille plate, un léger retour de galbord déterminant des fonds plats associés à une succession de longues varangues plates, destiné à recevoir de lourds conteneurs. Cette architecture permettait d’allier une navigation maritime à une navigation dans les eaux moins profondes, en milieu fluvial.
L’étude de la coque révèle un système architectural particulier caractérisé par une quille plate à laquelle est associé un bordé simple assemblé à franc-bord au moyen de tenons chevillés dans des mortaises. Le système de membrure de la coque est essentiellement constitué d’une succession de varangues avec peu d’alternance de demi-couples. La hauteur des membrures est sensiblement la même sur la partie centrale de la coque, témoignant ainsi de longues varangues rectilignes. Celles-ci présentent des trous d’anguillers situés, pour les principaux, au niveau de la quille. Situés de part et d’autre des trous d’anguillers centraux, des talons, aménagés sous les varangues, viennent se plaquer contre la face supérieure de la quille. L’assemblage de la membrure au bordé est assuré par des gournables et des clous en fer.
Concernant l’assemblage de la membrure à la quille, une broche en bronze a été repérée pour la liaison d’une des varangues à la charpente axiale. Enfoncé depuis l’intérieur de la coque, cet élément d’assemblage venait tenir entre eux la varangue, la quille ainsi qu’un élément disposé sur le dos de la membrure qui a disparu, carlingue ou emplanture de mât.
Une analyse systématique des essences de bois, réalisée par Sandra Greck (Arkaeos), a permis de mettre en évidence une spécialisation manifeste suivant les pièces structurelles du navire : le chêne vert/chêne kermès pour la quille ; le chêne caducifolié pour le galbord ; le pin pignon, pin d’Alep/Pin brutia pour le bordage ; le chêne caducifolié et l'orme pour les membrures ; le chêne vert/chêne kermès pour les tenons (quille et bordage), cheville de blocage des tenons pour l’assemblage quille-galbord et les gournables, et enfin le frêne pour les chevilles de blocage des tenons pour l’assemblage des bordages.
La coque conservée de l’épave Ouest Giraglia 2 reflète les principes de la construction navale antique qui reposent sur une conception « longitudinale sur bordé » dans laquelle les formes sont déterminées par la mise en place des virures et où la membrure n’a qu’un rôle secondaire.
L’épave Ouest Giraglia 2 vient ainsi confirmer l’hypothèse d’une spécificité architecturale des navires à dolia avec un fond plat destiné à recevoir les lourds conteneurs, sans besoin d’aménager une cale particulière. La série de membrures continue située au centre du navire aurait par ailleurs pour fonction probable de renforcer la structure transversale de la coque, permettant ainsi de soutenir la pression importante imposée par les dolia sur la partie centrale du fond de la carène.
En l’absence d’au moins une extrémité conservée, il est impossible de faire un travail de restitution pour cette épave et de proposer un plan de forme qui pourrait permettre de calculer le port en lourd du navire. Les échantillonnages des pièces architecturales étant similaires, voire plus important dans le cas de la quille et des membrures, aux autres navires à dolia, c’est sans doute aussi dans un ordre de grandeur de 18-22 m de longueur, pour une largeur de 6-7 m environ et un creux ne dépassant guère les 2 m, qu’il faut ranger ce navire d’un tonnage sans doute inférieur à 70 tonnes, soit une petite unité.
Un programme dendrochronologique sur des prélèvements de bois de chêne a permis d’approcher la date précise de la construction du bateau et donc le terminus post quem du naufrage. Les résultats datent l’abattage des chênes entre 13 av. J.-C. et 27 ap. J.-C. et confirment la chronologie déjà obtenue par les amphores Dressel 3 et les marques sur dolia vers les années 30 après J.-C.
Musée de Bastia - Citadelle de Bastia, Place du Donjon, 20200 Bastia
Tél. : 04 95 31 09 12
Pour le dépôt de conservation du mobilier, s’adresser au DRASSM.
Le système architectural de l’épave Ouest Giraglia 2 est similaire à celui mis en évidence sur l’épave de Ladispoli qui présente le fond de carène le mieux conservé de toutes les épaves à dolia connues. Une maquette s’inspirant de cette épave a été réalisée pour le musée de Hyères à l’échelle 1/10e.
Les dolia découverts montrent de nombreuses réparations effectuées grâce à des agrafes en plomb, une pratique bien attestée sur les dolia maritimes.
Pays | France |
Aire marine protégée | Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate |
Département | Haute-Corse |
Commune | Ersa |
Lieu-dit | |
Code EA | 301169 |
Nature du site | Épave de navire |
Chronologie | Antiquité |
Indicateur de période | Céramique, timbres |
Structures | Coque |
Mobilier |
Amphores : Amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise
Céramiques : Dolia Autre : Ancre, lingots de fer, plomb de sonde |
Lieu d'exposition | Musée de Bastia |
Contexte |
Géologie : sable
Situation : immergé Profondeur : - 34 m |
Historique des recherches |
Déclaration : 2008 - Jean-Michel Minvielle (découverte fortuite)
Expertise: 2009 - Jean-Michel Minvielle, Martine Sciallano Opérations: 2010-2011 - Franca Cibecchini, Sabrina Marlier, Jean-Michel Minvielle (fouilles programmées) 2012 - Franca Cibecchini (sondages) |
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